Note du collaborateur:
5/5
Description
L’expression anglophone «sky is the limit» pourrait être traduite, dans le milieu québécois de l’escalade, par «parois de calibre pour les compétitions internationales, et même plus». À Montréal, ce sommet a été atteint par Horizon Roc, une infrastructure en croissance continue depuis quelques années. Pourtant, outre ses projets de grandeur, Horizon Roc s’est donné comme mission de demeurer accessible aux clientèles les plus variées, en passant par les familles avec jeunes enfants, les camps de jour, les groupes en consolidation et les dilettantes qui en sont à leurs toutes premières armes dans l’art d’affronter les défis verticaux.
L’expérience de l’escalade peut être vécue sous forme de cours ou encore de pratique libre, pour les plus aguerris. Mais le centre est aussi maintenant le lieu de rencontre pour les passionnés d’autres sports d’adrénaline dont la popularité monte en flèche, comme le parKour : un itinéraire parsemé d’obstacles de hauteurs variables, que l’on surmonte sans cordes ni poulies, en comptant seulement sur son esprit d’anticipation et l’adhérence de ses souliers de course. Le parKour et les 3000m² de murs d’escalade sont également surplombés d’un Acro-Parc, tout un jeu de cordes, de poulies, de ponts et de tyroliennes, dont l’une mesure de plus 25m, qui constitue un équivalent intérieur et 4 saisons des arbres en arbres estivaux. Une autre installation, le «Monkey Space» permet aussi de faire appel à son agilité à travers les cordages tout en demeurant plus près du sol.
Les organisateurs soulignent toutefois que, lorsqu’ils accueillent des groupes cherchant à atteindre des objectifs de consolidation, les murs d’escalade demeurent leurs outils de prédilection. D’une part l’escalade, par sa nature même, amène chaque membre de l’équipe à prendre conscience de sa tendance à surestimer ou à sous-estimer ses forces, ainsi qu’à développer sa capacité à compter sur les autres. De plus, la grande variation des niveaux de difficulté, à travers une même salle, contribue à ce que même les moins intrépides et les plus maladroits puissent s’y hasarder sans y perdre pied.
Par ailleurs, si d’autres centres sont conçus pour faciliter les montées en solitaire, ici, mis à part quelques murs de montée chronométrée, la plupart sont utilisés sans auto-assureur : il faut donc davantage y compter les uns sur les autres ainsi que sur le soutien des animateurs pour s’assurer quelques succès. Des systèmes d’identification permettent toutefois à ceux qui arrivent seuls d’y trouver des partenaires de montée, une fois arrivés sur place.
Les groupes qui se réunissent à des fins de consolidation sont toutefois loin de se limiter à monter et à descendre : une équipe spécialisée dans le domaine de la consolidation établissent pour chacun d’eux des projets à réaliser qui font encore plus directement appel à leur aptitude à intégrer les perspectives de plusieurs personnes dans la création d’un projet commun : «Il y a plusieurs épreuves, plus en hauteur ou moins en hauteur: comme créer un système de poulies pour aller chercher des indices. C’est une peu comme le jeu d’évasion, mais sans que l’on cherche à fuir la salle.» résume Maria Izquierdo, la proprio et directrice du centre.
Expertise : Maria Izquierdo, copropriétaire et directrice de Horizon Roc, a un baccalauréat de l’Université d’Ottawa et une maîtrise en biomécanique (directement reliée à l’éducation physique). Elle est aussi formatrice et présidente de la commission des compétitions de la Fédération québécoise de la montagne et d’escalade. Le copropriétaire et président, Benoît Théroux, a, quant à lui, une maîtrise en psychologie du sport.
Mots-clés : escalade, auto-évaluation, relation de confiance
Critique d’Adrian
Adrian Gonzalez est entraîneur personnel. Son corps est sa matière première de travail, alors pas question, pour lui, de le laisser entre les mains de n’importe qui. Voilà pourquoi, même si, à quelques reprises, il avait déjà eu accès à des murs et à de l’équipement d’escalade, il avait préféré garder les pieds sur terre.
C’est seulement en constatant la qualité de l’encadrement offert à Horizon Roc qu’il s’est senti prêt à faire le grand saut : « J’étais avec quelqu’un qui maîtrise bien le domaine. L’employée était toujours avec nous, pour nous aider et nous expliquer comment faire, comment ajuster le harnais, mettre la corde ou faire les nœuds. Elle nous a aussi indiqué des trucs pour défaire les nœuds. Je pense que si elle n’avait pas été là, comme on n’y connaissait rien, il aurait pu y avoir des risques. »
Selon Adrian, la qualité du soutien ne repose toutefois pas que sur les points techniques, car les murs de ce centre étant particulièrement hauts, une fois les premiers mètres franchis, il reste encore quelques gestes à poser avant de dépasser la peur et le vertige. Adrian et sa copine athlète y ont également goûté. Ils ont toutefois franchi assez rapidement ces obstacles pour demeurer du côté du plaisir.
Mais, dans cet environnement particulier, pas question de laisser les clients tomber pour autant dans une zone de confort, et Adrian s’est réjoui de voir son instructrice lui proposer des façons variées d’augmenter le niveau de difficulté : « On a commencé tout en bas et on a monté graduellement, par étapes. La troisième étape a été de suivre les prises d’une seule couleur sur le mur. C’était encore plus difficile, mais pas plus risqué, parce qu’elle était toujours derrière nous et nous regardait. »
Il n’en reste pas moins que chaque équipe a son rythme et que celui de ce duo était assez rapide. Ainsi, bien qu’Adrian admette se sentir plus en confiance lorsqu’il peut compter sur le soutien d’un humain que d’un équipement automatisé, il connut un certain plaisir à s’attaquer à des murs plus exigeants, à l’aide des autoassureurs : « Le mur avec un autoassureur était un peu incliné. Il fallait forcer davantage pour garder les pieds collés sur le mur, tandis que le premier mur était droit. »
Puis, il a pu continuer de développer ses habiletés en découvrant l’escalade sans harnais, et alterner les muscles auxquels il a fait appel, par l’essai du matériel de différentes stations d’activité : « C’est excellent. L’endroit est très bien organisé, par section. C’est adapté aux différents niveaux de difficulté et ils sont bien identifiés. Il y a des endroits seulement pour pratiquer les prises et les avant-bras. Il y avait aussi ce que l’on appelle des Monkey bars et d’autres lieux d’exercice, vraiment tout ce qu’il faut pour se préparer à l’escalade. »
Il en est donc ressorti satisfait …mais épuisé. Cette dernière précision n’est pas négligeable, de la bouche de quelqu’un qui passe parfois jusqu’à 7 heures par jour en salle d’entraînement. Bien sûr, la petite équipe a eu droit à des pauses, sur demande. L’expérimentation démontre néanmoins qu’il vaut peut-être mieux ne pas partir avec un appétit de la victoire plus grand que la panse, et que la réservation d’un instructeur durant une heure, maximum deux, suffit amplement pour un premier tour d’Horizon.