Note de l’éditrice:
4/5
Se passionner pour les chevaux suppose-t-il fatalement d’être toujours prêt pour un quitte ou double? Quoiqu’il en soit, il fallait aimer s’immerger dans le risque pour se lancer, comme Cavalia, dans un tel revirement à 360 degrés, dans la diversification de ses activités. Un vaste parcours, sans un seul cheval, pas même en peinture.
Un marché? Vraiment?
J’exagère : on retrouve des équidés mécaniques dans le Carrousel sur la Grande Place, mais c’est à peu près tout. Et puis ici, ce qui est à l’honneur n’est pas tant la mécanique que la lumière, une galaxie multicolore, en fait, rendue accessible grâce à plus de 10 millions d’ampoules.
En principe, il devrait s’agir d’un marché de Noël nouveau genre. Mais cette définition manquerait de justesse, puisque les familles risquent de ressortir de leurs heures de magasinage avec, tout au plus, les ventres pleins et une petite bouteille de sirop d’érable. Ce n’est pas que les commerces y brillent par leur absence, au contraire : il y en a à chaque vingt pas, environ, mais il s’agit avant tout d’un rassemblement de camionnettes de cuisine de rue. Ces dernières contribuent d’ailleurs activement à ajouter une touche gustative et olfactive pour transporter les visiteurs aux quatre coins du globe.
Se projeter dans sept univers
Le parcours saura donc captiver les nouvelles générations de parents foodies et leurs enfants, naturellement enclins à s’émerveiller devant les effets lumineux, surtout lorsqu’on leur souffle à l’oreille qu’ils rencontreront le Père Noël en cours de route. Mais ce détour dans un espace consacré à la Vraie maison du père Noël ne constitue qu’un motif d’émerveillement parmi d’autres : les visiteurs pourront aussi assister à une courte projection extérieure et cheminer à travers 6 autres univers lumineux différents :
- Les lanternes magiques, évoquant l’Asie
- Les Pôles à l’Infini où, comme il se doit, quelques pingouins veillent sur l’hiver éternel
- La Savane multicolore, où la constellation du lion et d’autres rois de la jungle sont à l’honneur
- Le Boulevard en folie, qui met plutôt en lumière l’ambiance de bêtes de scène d’Hollywood
- La Grande Place du carrousel où, quelle que soit la musique, on a envie des frites « que l’on mange vite » et de tout ce qui évoque l’Europe du Grand Brel
- Enfin Feliz Navidad où, avec les yeux bien ouverts, on peut rêver que ces feux multicolores se reflètent sur le sable blanc du Mexique
Pour un Noël électrique
Reproductions rigoureusement authentiques? Pas le moins du monde. Et qu’importe : ce n’est pas de cette façon que l’on cherche à nous en mettre plein la vue. Imaginons plutôt la somme des efforts du résident de chaque quartier le plus déterminé à reproduire l’ambiance du Noël de ses rêves dans sa cour avant, avec des ampoules Dell, à la puissance mille, occupant la superficie d’une bonne trentaine de patinoires de hockey, et artistement arrangées par les multiples doigts de fée de l’équipe de Cavalia.
Un calcul trop complexe? Alors, oubliez-le. Car là-bas, pour que la magie parvienne à ses fins, en nous faisant oublier le temps, il faut oser la nostalgie et la logique des enfants.
Mots-clés : projection, victorien, foodies
Critique de l’éditrice
Quelques millions de lumières suspendues peuvent-elles parvenir à ce que des adultes puissent décrocher? Disons que, si l’on ne se préoccupe pas trop des mystères intergalactiques régissant les règles de l’art, que l’on se contente de vivre le moment présent, celui-ci peut se prolonger avec assez de bonhommie.
Des lumières d’ambiance

Avec ce véhicule de pompier, les flammes d’Hollywood n’ont qu’à bien se tenir!
S’il était marché en vitesse et d’un air blasé, une vingtaine de minutes suffiraient amplement à compléter le parcours. Nous y avons traîné plus de deux heures, malgré un froid mordant. À faire quoi? On ne saurait dire… prendre quelques photos, rougir de nous émerveiller comme des enfants devant des petits points lumineux, nous réfugier dans les maisonnettes et débattre duquel des sept mondes mérite notre préférence.
Conclusions : Mélissa a craqué pour l’univers d’Hollywood, ses carcasses de grosses voitures et sa musique des années ‘70-‘80. Il faut dire que le lien n’est pas si difficile à réaliser, entre cette ville mythique, le fil de l’imagination, les connexions électriques et les mille feux multicolores. Pour ma part, mon cœur balance encore entre le style victorien de la Grande Place, avec son carrousel et ses fresques géantes d’Europe, tout autour, et le style plus sobre et raffiné des jeux de lumière entourant les pingouins de soie du secteur polaire.
L’art d’affronter l’hiver
Le sentier de la Chine, royaume des plus grands maîtres dans la création des lanternes, aurait pu offrir un contraste impressionnant, s’il n’avait pas été aussi durement frappé par les vents de ce début d’hiver. Voir flotter les lambeaux de soie laisse un triste souvenir. On ne sait pas trop non plus si les problèmes techniques pourraient expliquer que les cabanes ne soient pas chauffées et que les quelques braséros dispersés sur le site demeurent éteints. Dommage, leurs flammes se seraient sans doute mêlées avec grâce au reste du décor.
Pourtant, à aucun moment de ce parcours, l’impression d’être frigorifiées n’est venue ralentir nos ardeurs. Il faut dire que nous ne nous sommes jamais retrouvées à faire le pied de grue devant un quelconque attrait. De plus, la seule projection qui aurait pu nous obliger à arrêter n’a pas su stimuler notre intérêt. Alors, à moins de tenir mordicus à faire la file pour une savoureuse poutine à l’effiloché de porc des Boucaniers en cavale, les chances de sentir nos orteils trépigner d’impatience étaient très minces.
La chaleur humaine avant tout
Et puis, on n’a pas tendance à attendre l’inconfort avant d’entrer dans les maisonnettes. Tout en respectant la thématique du « Chaleureux Noël d’autrefois », chacune est décorée un peu différemment, et juste assez spacieuse pour favoriser un brin de conversation. Étrangement, on constate qu’il suffit de trois ou quatre personnes dans un même refuge pour que la température, bien physique, devienne agréable. « Noël, c’est l’amour », chante-t-on parfois : ici, on ne va pas jusqu’à flirter (quand même, c’est familial), mais on se surprend à sourire et à jaser avec de purs inconnus. Des endroits qui parviennent ainsi à aider à briser la glace ne sont pas si courants.
Alors, pour en profiter pleinement, un dernier conseil : ne fuyez pas la neige et le vent. Au contraire : pourchassez-les. Rien n’est plus doux au regard qu’un reflet rosé ou bleuté sur le dos d’un flocon qui se pose sur un sol de neige vierge. Alors, comme la forte affluence n’est plus ici une excuse, attentez à la dernière minute pour acheter vos billets et choisissez un moment où s’annonce une petite bourrasque hivernale. Ainsi vous pourrez vous avancer avant que personne n’ait eu le temps de piétiner vos rêves d’enfance.