Note de la collaboratrice:
3.5/5
Description
Parmi les centres de randonnée équestre québécois, rares sont ceux qui offrent la possibilité de demeurer près des bêtes quelques jours ou même une semaine au Ranch. Ici, un grand bâtiment, adjacent à l’écurie, accueille ses visiteurs, dans ses habitations pour deux personnes et familiales, pour des équipées où se rassemblent jusqu’à une douzaine de visiteurs, rarement moins, d’ailleurs, puisque la ferme jouit d’une belle popularité.
Mais Bernard Giles, le maître du domaine, ne s’est pas arrêté là : il a rapporté d’une expérience répétée durant 5-6 ans, au Wyoming, l’idée de reproduire la vie de ranch directement au Québec, en ajoutant des troupeaux bovins à son équipée.
Les visiteurs ont alors l’occasion de mener un troupeau de bœufs à travers les 2km carrés de terrain de la propriété ainsi que les 75km de sentiers qui l’entourent. Selon l’habileté des cavaliers du jour, la troupe et le troupeau peuvent en venir à cavaler sur les terres plus ou moins escarpées. Des visiteurs proviennent du monde entier jusqu’à ce fleuron touristique du Centre-du-Québec, certifié Équi-Qualité, à deux pas de Trois-Rivières, pour s’initier au mode de vie des gardiens de bovins.
Mais l’expérience a été spécialement conçue pour accueillir les groupes en consolidation d’équipe. Et, en effet, que l’on y arrive par soif d’aventure bucolique ou pour atteindre des objectifs professionnels, la journée commence indéniablement par une mini-formation sur l’importance d’adopter des stratégies de concertation entre les apprentis cowboys pour amener leur troupeau à bon port.
Dès le départ, l’animateur avertit son groupe qu’après avoir transmis les principales orientations à prendre, celui-ci se situera plutôt en retrait, laissant les participants faire appel à leur propre débrouillardise, entre les vallées, les plaines, et les buissons un peu piquants, où quelques coquines ruminantes vont parfois chercher de l’ombre et un moment de répit.
Donc, malgré la splendeur des lieux, l’humeur ne peut pas demeurer longtemps dans un état contemplatif, étant donné la tâche inusitée et la nécessité de la collaboration de tous. L’activité est d’ailleurs nettement plus orientée vers la complicité entre les humains qu’avec leur monture. En cela, la vocation de cette activité se distingue nettement de celle des randonnées de quelques jours, où les invités sont appelés à prendre soin de leur cheval.
Mots-clés : cowboy, excursion, partage des responsabilités, leadership
Critique
Le site internet avait beau promettre un paysage charmant et varié, rien ne peut réellement préparer à l’émotion que provoque la splendeur des terres que l’on traverse. Aucune fioriture ici, pour créer «l’effet western» : les chevaux, les bœufs et le paysage suffisent amplement à entraîner n’importe qui dans cette ambiance.
Les équipements sont également rigoureusement entretenus et les chevaux impressionnent, par leur beauté, même les cavaliers les plus aguerris du groupe. Cela dit, et heureusement pour les cowboys débutants, ces chevaux sont loin de correspondre au fantasme de la créature fougueuse et indomptable. Bien qu’ils nécessitent parfois un peu d’insistance avant de céder aux consignes, ils accompagnent la journée tout en douceur.
Et ceux qui n’ont jamais vu un bovin de près découvriront rapidement que ceux-ci sont encore plus paisibles, même lorsqu’on s’apprête à troubler leurs ruminations. Ils finissent toujours par céder aux efforts des cavaliers pour les entraîner d’un paysage à l’autre, ce qui fait émerger chez ces derniers un intense sentiment de fierté. Donc, pour peu que l’on se sente à l’aise à cheval, un désir fou de tout laisser tomber de notre vie d’ordinateur et de bureau pour se tourner vers une nouvelle vocation, plus chevaleresque, disons, prend fatalement les participants, à un moment ou à un autre.
Cependant, la nuance «à l’aise à cheval» demeure essentielle, car la journée n’est définitivement pas vouée à l’initiation aux manœuvres équestres, et ceux qui auraient évalué avec moins de justesse le niveau d’aisance à cheval risquent de trouver les premières heures plutôt longues. Le fait que les chevaux soient montés immédiatement, sans même un petit moment d’initiation au sol, ne contribue pas non plus à établir la confiance.
Les animateurs tiennent leur promesse de se limiter à un encadrement discret, très discret à vrai dire, au point où il arrive au groupe de perdre sa guide de vue durant plus d’une quinzaine de minutes à quelques reprises. C’est habituellement dans ces moments, pour surmonter cette situation où tous les repères volent en éclat, que le leadership se réorganise, et qu’apparaissent les maîtres en la matière… et les attitudes les plus maladroites.
Une observation plus attentive révèle néanmoins que les animateurs ne manquent pas de reprendre les rênes du groupe, ou du moins de certains membres, dont le comportement s’avère moins propice à la coopération. Cette démarche se réalise généralement assez subtilement pour que l’ensemble de l’équipe n’en prenne pas conscience et que les principaux concernés n’en ressortent pas blessés.
Cependant, les moments de peur ou d’irritation laissent parfois des séquelles que la suite de l’activité ne réussit pas toujours à guérir. Dans certains cas, de simples petits conseils, dans les premières heures, sur la manière de bien conduire sa monture auraient pu faire la différence entre une journée de plaisir ou de stress.
Il est indéniable que ce décor époustouflant ne détourne pas des objectifs sous-jacents à la grande majorité des activités de consolidation d’équipe : aller au bout de soi-même, vivre des accomplissements en commun …et toucher ses limites. Il est donc fortement recommandé de consacrer un bon moment à un débreffage en règle, une fois de retour au bercail.
Marie-Hélène Proulx
Fondatrice
Une journée prometteuse, à l’ombre de l’oeuvre de Bernard Giles,
avec Myriam, Enrique et Minou