Note de l’éditrice:
4/5
Description
Avec plus de 85 chiens sur son site, principalement des Huskies, Kinadapt a su avant tout populariser sa griffe dans le domaine du chien de traineaux. Certifié par écotourisme Québec, pris en main par un mari kinésiologue et une épouse formée en psychoéducation, possédant une maîtrise en kinanthropologie, ils sont en mesure d’assurer une initiation sécuritaire sur le plan de l’intégrité physique et psychologique tant des visiteurs que des hôtes canins. Les lieux accueillent d’ailleurs des jeunes et des adultes ayant des besoins particuliers ainsi que des gestionnaires accompagnés de leur équipe et visant l’atteinte d’objectifs spécifiques.
Mais les équipes de travail, les familles et les solitaires qui ont eu l’occasion de découvrir ce refuge canin, au milieu de nulle part, y reviennent aussi pour d’autres raisons : 2km² de terrains boisés et dénivelés, entrecoupés par quelques cascades qui iront nourrir la bouillonnante rivière Ouareau, que l’on peut parcourir accompagné de quelques chiens du domaine. Les humains et les chiens y trouvent donc le moyen de s’y dégourdir les jambes été comme hiver (et encore plus sous les feuilles d’automne), puisque le Canicross, une promenade où l’homme et la bête demeurent bien ficelés l’un à l’autre, ou sa version sur ski de fond, en hiver (généralement appelé ski joëring) sont tous deux intégrés à l’offre du site.
Cela explique sans doute pourquoi certains visiteurs décident de s’y abonner pour l’année. Ils se font alors proposer un chien à parrainer à l’année. Une tente du prospecteur et la location d’équipement de camping permettent aussi de réaliser des nuitées harmonisées aux hurlements lointains des meutes. En se détournant de la rivière, les marcheurs peuvent même trouver quelques terrains passablement escarpés pour défier leurs habiletés.
Les passants en profitent aussi pour saluer les chevaux et les poules qui égayent également les bâtiments principaux. Avec un peu de chance, on peut aussi croiser un guide qui apprendra comment jouer avec les poules ou invitera les fermiers du dimanche à recueillir leurs œufs. Les chevaux ne prêtent toutefois pas leurs forces au loisir des visiteurs. Mais pour les inconditionnels des sports de trait, les hôtes se sont nantis de Canicarts, qui sont l’équivalent du traineau, mais sur roues, et bien adaptés aux saisons sans neige. Des trottinettes peuvent également combler les attentes de ceux qui se sentent prêts à se perdre dans le décor en solitaires, avec quelques fidèles compagnons poilus comme seuls alliés.
Mots-clés : animaux, plein-air, ferme, communication, leadership
Critique de l’éditrice
Bien ce que cadre éveille les envies de liberté, il ne faut pas s’imaginer qu’il suffira à métamorphoser les nouveaux venus en intrépides coureurs des bois. Aucun des engins trainés par les chiens ne sera laissé entre les mains de ceux qui n’ont pas encore acquis une solide formation : des guides qualifiés prendront toujours les rênes de leur véhicule. Au moins deux bonnes heures de formation attendent même les sportifs qui choisissent de « voyager plus léger », simplement attelés pour le Canicross. Il s’agit là, bien sûr, de la formation la plus courte.
De plus, avant toute approche des chiens, une initiation au comportement canin d’une bonne demi-heure s’impose. Ce cadre prudent contraste quelque peu avec l’image que l’on peut se faire d’une fuite de quelques heures en région sauvage. Les explications sont toutefois loin de manquer de pertinence, surtout lorsqu’on se présente avec des enfants. Peter, guide et copropriétaire des lieux, explique aussi que les notions transmises sur le comportement canin permettent de passer, en douceur, quelques notions de leadership, lors des séances de consolidation d’équipe.
La nécessité de cette introduction saute littéralement aux yeux lors de l’incontournable visite de ce que l’on appelle ici le « Caniland » : 65 chiens, auprès de grosses niches, qui manifestent bruyamment leur envie d’être déchainés et de rejoindre leurs maîtres. L’expérience s’avère très impressionnante et plutôt déstabilisante pour ceux dont l’habitude des fauves se limite aux chats urbains. Elle l’est encore plus pour les enfants. Et si la crainte devant les gestes brusques des bêtes éveille chez plusieurs une saine prudence, ces réflexes craintifs n’apparaissent pas toujours. Certains parents, dit-on, doivent alors redoubler de vigilance.
Heureusement, en s’éloignant un peu du Caniland, les quelques vieux chiens en liberté qui gambadent et accompagnent parfois les passants démontrent leur enthousiasme de manière plus paisible. Et bien que le site accueille régulièrement des athlètes de haut niveau, se fixer seulement des objectifs de performance, de rendement et de vitesse en planifiant son départ pour Kinadapt serait une grave erreur : le décor naturel possède trop de charme pour être ignoré. Et comme ses plus belles merveilles ne s’offrent pas au regard dès l’arrivée, il faut se permettre quelques pas au hasard des sentiers pour risquer ces heureuses rencontres.
Même Peter, le maître des lieux, admet qu’il y découvre encore quelques sources d’émerveillement lors de ses propres promenades, après une dizaine d’années d’exploitation. En effet, hors de quelques sentiers balisés, la nature s’y révèle sous son aspect le plus sauvage. Les enfants, dès 8 ou 9 ans, y trouvent même grand plaisir à se lancer candidement dans les sentiers escarpés, entre les pierres entremêlées. Vue de l’extérieur, en effet, la chose semble assez simple …mais, une fois bien avancée entre les grosses pierres friables, un coup de pouce gentiment offert par le guide me fut essentiel pour remettre le pied en terre ferme.
Bref, un moment en plein air fait parfois le plus grand bien, mais les fantasmes de vie sauvage des filles de ville en prennent parfois pour leur rhume. Voilà pourquoi l’assistance d’un guide, même si elle occasionne des coûts supplémentaires, est fortement recommandée aux amateurs de hors-piste inexpérimentés.
Crédit photos: Quynh-Anh Nguyen
Merci à Nathan (ci-haut) Valérie et Quynh-Anh
pour cette inoubliable journée d’automne
Marie-Hélène Proulx, fondatrice