Note de l’éditrice:
3,5/5
Description
Lorsque Michel Zappetelli, le directeur général du Musée des arts nouveaux de Montréal (MAN), a vu son artiste vedette, Gustav Dali, briller par son absence à la grande première de sa grande exposition, il a tout de suite accepté l’offre de votre agence de détectives de résoudre ce mystère.
Une disparition de plus
En effet, il n’était pas question, pour Zappetelli, de laisser planer l’impression que cette absence incongrue pourrait être un coup de théâtre pour faire courir les foules à son exposition. De toute façon, il n’avait pas besoin de cela pour attirer l’attention sur son créateur de génie. Dali maitrisait déjà suffisamment comme cela l’art de semer la controverse, par sa manière bien à lui d’interpréter les quelques textes de psychanalyse poussiéreux : il a écrit quelque part que le crime imaginaire et le « vampirisme créatif » étaient des outils essentiels à toute forme d’inspiration. Personne ne savait ce qu’il entendait par là, mais bien des quidams espéraient pouvoir se vanter de l’avoir compris avant tout le monde, en observant ses œuvres.
Les inspecteurs de la police officielle sont toutefois loin de compter parmi les premiers à manifester leur intérêt pour les mystères de l’exposition. Après tout, Victor Dali est majeur et vacciné. Il a bien pu décider d’aller puiser ailleurs son inspiration durant quelques semaines, sans avertir. Et puis, la police en a déjà plein les bras, avec un nombre inexplicablement élevé de disparitions dans son secteur en ce moment. Il n’est donc pas question d’attendre un coup de pouce de leur côté.
Et l’art, dans tout ça?
Vous demeurez néanmoins presque certain que la clé de l’énigme se cache dans le parcours artistique de Dali. En consultant les faits divers, vous et vos partenaires avez remarqué que presque toutes les disparitions des derniers mois avaient un quelconque lien avec l’art… pas toujours à l’art plastique ou à des artistes réputés, il est vrai, mais à l’art quand même : une chanteuse de la relève par-ci, une étudiante en danse par-là, un pianiste de restaurant, etc. Vos collègues et Caron, votre chef de service de l’agence, ont vite fait de rigoler de vos intuitions. Mais, comme d’habitude, votre chef n’a pas eu le choix de faire appel à vous. L’affaire pouvait relancer la réputation de l’agence et vous avez toujours été les meilleurs.
Naturellement, comme vous travaillez au privé, vous n’aurez pas droit à un mandat officiel. Pourtant, Caron savait ce qu’il faisait, lorsqu’il a proposé ses services au MAN : sa nièce, une pirate informatique redoutable, a déjà réussi à trafiquer une fois la compagnie de système d’alarme qui protège l’atelier de Victor Dali. Elle ne fait pas des miracles, mais presque : elle est déjà parvenue à retarder le départ du système d’alarme de 45 minutes et pense parvenir à renouveler cet exploit.
À partir de là, il ne vous reste plus qu’à forcer la serrure (un jeu d’enfant pour vous), à glisser les doigts un peu partout parmi les pots de peinture et en sortir sans trop laisser d’empreintes.
Mots-clés : jeu d’évasion, artiste, atelier, détective
Critique de l’éditrice
Sobriété et imagination débordante peuvent-elles cohabiter dans quelques mètres carrés? Aussi intrigant que cela puisse paraitre, les quelques salles de L’Artiste disparu constituent la preuve formelle qu’elles peuvent aller jusqu’à enchevêtrer l’esprit d’une même conceptrice de jeu.
Du mystère en abondance
Non seulement les mystères abondent, mais ils demeurent majoritairement étroitement reliés au thème des arts, ce qui laisse supposer une belle recherche de la créatrice du scénario, à travers divers univers artistiques. Bien que l’avancée du jeu ne dépende pas de notre culture générale, notre intérêt pour l’ingéniosité des épreuves y est grandement interpellé.
Il ne faut toutefois pas s’attendre à se voir plonger dans une ambiance très dépaysante. L’artiste en question semble se contenter de très peu pour trouver le confort nécessaire à sa création. Un bureau, quelques pinceaux et crayons (pas toujours fonctionnels) lui suffisent. Il n’utilise même pas de chevalet. Il existe probablement des artistes contemporains de ce genre, mais ce ne sont assurément pas ceux qui créent un effet d’émerveillement lorsqu’on entre dans leur local.
Il va sans dire qu’une telle approche évite de s’égarer vers des pistes inutiles, ce qui constitue un certain avantage, compte tenu de la variété et du grand nombre des intrigues à résoudre. Et si certaines d’entre elles, comme il se doit, font littéralement enrager les apprentis inspecteurs que nous sommes, il faut bien admettre qu’elles reposent toutes sur une logique incontestable. Ce contexte justifie donc amplement que l’on s’y attaque à plusieurs.
Pour des joueurs prêts à l’action seulement
On parvient ou non à bout de ce fascinant enchaînement de découvertes, mais pour ce qui est de l’histoire initiale, un peu comme dans un film porno, on sent que ce n’est pas la priorité. Pourtant, même si les scénarios de jeux d’évasion avec acteurs sont encore plutôt rares, la plupart des fondateurs de ce genre d’entreprises essaient de trouver une façon bien à eux de créer l’ambiance dès le départ : des artéfacts, des vidéos ou des messages trouvés avant d’entrer dans la salle, ou encore un animateur au regard de braise qui explique les règles à suivre dans un langage coloré… On ne trouve rien de cela ici : on vient pour jouer et les règles du jeu sont expliquées le plus simplement possible. Les indices, au cours de l’enquête, sont également transmis sur le même registre : sans fioritures.
Asylum trouvera néanmoins indéniablement son public : celui des joueurs aguerris qui ne viennent pas pour regarder, mais pour relever des défis, se faire surprendre par l’innovation des intrigues et sentir monter en eux la fierté du dépassement. Il n’en reste pas moins qu’un tel thème artistique est plus propice à créer des attentes élevées, pour ce qui est des aspects plus scénographiques ou théâtralisés. Une simple mise en bouche d’une manière un peu plus intense et travaillée de raconter l’univers qui nous attend aurait déjà pu faire une différence.
Marie-Hélène Proulx, fondatrice