Note de Jean-Philippe et Audrey 4,5/5
Description
Il est rare de trouver des établissements de jeu d’évasion qui possèdent en leur propre architecture, un vrai cachet, quelque chose d’authentique. Quand on la voit au loin et que l’on gravit les marches d’Escaparium Saguenay, on se doute que cette imposante bâtisse pourrait nous raconter bien des histoires.
Un lieu historique
Ayant la chance de parcourir les différentes salles aux côtés des propriétaires des lieux, Marie-Claude et Félix, on nous apprend que cette ancienne maison a appartenu à une célèbre famille de la région, les Murdock.
C’est en 1920 que John Murdock, riche homme d’affaires de la région ayant fait sa fortune dans le domaine forestier et immobilier, s’est établi au sein de cette demeure, en plein milieu de Chicoutimi.
Il est un des, sinon le plus, grands artisans de l’essor économique au Saguenay; cet entrepreneur développa les emplois, les infrastructures, apporta même la télévision. Il a su mettre le Saguenay « sur la carte » en transformant des champs en sublimes bâtiments.
Un vrai bienfaiteur au sein de la communauté, aidant autant les salariés et les étudiants, que les œuvres communautaires. C’est un personnage emblématique et respecté du paysage saguenéen et c’est donc sans surprise que l’on comprend alors toute l’importance du lieu où nous nous trouvions.
Sombre imaginaire en draps blancs
Avec l’autorisation et le consentement de la famille, Marie-Claude a donc pu établir et créer un scénario fictif avec les personnages de la famille. Elle nous a confié que c’est le premier vrai scénario qu’elle a imaginé de toutes pièces et elle y a mis tout son cœur; tout le dernier étage de l’immeuble lui est dédié. Celle-ci a néanmoins rajouté une branche à leur arbre généalogique, avec la petite Camilla. Mais qu’est-elle devenue?
Malgré cette brève introduction historique, ne nous savions rien de la troublante vérité du pavillon Murdock. Après avoir été un domicile de notables, et porté le nom de « Manoir Murdock », ce lieu aurait été utilisé à d’autres fins. Certaines de ces vocations, nobles en apparence, ont amené les lieux à abriter des événements déplorables, qui auraient poussé les historiens locaux à faire appel à une bonne dose d’amnésie, pour préserver la fierté patrimoniale. Pour soulever le voile sur l’époque la plus sombre de ce monument, imaginée par Escaparium, nous devions aller chercher les réponses par nous-mêmes …
L’avantage de se mêler ainsi aux histoires locales est qu’il est toujours possible, pour les visiteurs, de s’offrir un petit apéro d’angoisse en tendant l’oreille aux souvenirs de l’époque. Pour en savoir plus sur John Murdock, vous pouvez aller voir cette courte biographie, ou écouter la version qu’en offre, avec moult détails, l’ex-maire Jean-Tremblay, un complice décidément incontournable des intrigants projets de la bande d’Escaparium Saguenay.
Mots-clés: Jeu d’évasion, médical, horreur, personnage historique, vintage
Critique
Une voix nous appelle à l’étage, on nous attend. Nous gravissons les marches en bois anciens de la demeure Murdock pour nous retrouver nez à nez avec notre maitre du jeu. L’introduction au jeu qui s’ensuit, devient d’ores et déjà déstabilisante et ultra originale. On est tout de suite mis dans le bain et on sent que cet endroit ne sera pas très chaleureux avec nous…
Nous sommes désormais la propriété des hôtes du Pavillon Murdock et il va falloir s’en échapper, tout en découvrant les secrets qu’il renferme.
Les décors sont justes et soignés et reflètent parfaitement l’ambiance pesante du pavillon. Même si la salle paraît déjà « usée » à cause de clients pas toujours très délicats (avec les livres notamment), tous les éléments sont en congruence avec le scénario. Audrey, qui est infirmière, est bien placée pour constater que le matériel professionnel présent est aussi très varié et de grande qualité, cela rend l’immersion beaucoup plus crédible et plaisante.
Un scénario pas si évident
Côté difficulté, la salle se pose comme un vrai défi pour les amateurs de jeu d’évasion. Un groupe de 4 personnes sera l’idéal pour arriver à répondre à toutes les interrogations de ce lieu sinistre. Le facteur épeurant de 4/5 que nous lui attribuons pourra rajouter de la difficulté à ce scénario digne des meilleurs films d’horreur. Il est vrai que certaines personnes, quand elles sont sous l’effet de la peur, perdent leurs moyens et arrivent moins à y voir clair. Cela expliquera notamment le faible taux de réussite de la salle vu à l’accueil. Les personnes cardiaques et enfants de moins de 16 ans devront s’abstenir, certains éléments de décor ou effets de surprises en choqueront plus d’un.
Ici pas de walkie-talkie ou interphone, les indices sont eux aussi donnés avec originalité et une seule personne du groupe pourra en bénéficier : la communication sera essentielle pour partager indices et information.
La difficulté du Pavillon Murdock réside en partie sur le côté cérébral de certaines énigmes, il faudra aussi être très observateur afin de ne manquer aucun indice ou détail. Il faut noter une grande qualité des énigmes, bien réparties tout au long du scénario.
À vous glacer le dos…
L’ambiance sonore est par ailleurs très réussie, variant dans chaque salle, la musique vous procurera quelques frissons de temps en temps. On se sent dans un univers à la Shutter Island.
Enfin, la salle est principalement linéaire, il faudra débloquer les énigmes au fur et à mesure pour découvrir l’effroyable vérité. Les principales manipulations se feront à l’aide de cadenas à code. Mais pour trouver les codes, certaines actions seront originales. On devra même utiliser du vrai matériel scientifique, avec tout ce qu’il faut pour piquer… la curiosité! Mais on ne vous en dit pas plus!
Très peu de points négatifs pour cette salle qui nous a donné un bon coup d’adrénaline. Musique envoutante, décor soigné, énigmes qui vous creuseront les méninges : le Pavillon Murdock est en tout point immersif. Réservé pour un public plus mature, et expérimenté, ce jeu vous procurera un bon challenge mais aussi beaucoup de plaisir.
Il ne nous restait qu’une poignée de secondes avant que l’impitoyable docteur ne s’amène; nous découvrîmes la sombre vérité, elle sera bientôt révélée au grand jour… c’est alors que les lumières s’éteignirent, les portes étaient fermées et on entendait les pas résonner dans les couloirs sombres du Pavillon… dont le secret risque d’être gardé intact encore longtemps…