C’est vrai, vous cherchiez un peu l’aventure. Vos vendredis soir au bar du coin commençaient à se ressembler un peu trop les uns les autres. Alors, cette semaine, vous avez décidé d’allez ailleurs, voir d’autres visages. Au bout de quelques minutes, vous commencez à vous sentir étranger et à regretter votre choix, lorsqu’un inconnu vous a abordé. Avec son humour et ses histoires macabres auxquelles il parvenait presque à vous faire croire, tellement il y mettait de détails, il avait tenu tout votre groupe en haleine durant quelques heures. Décidément, même s’il était resté des plus vagues, entre ses fictions, sur qui il était, vous sentiez que le courant passait. Il faut dire que les quelques tournées générales qu’il avait insisté pour vous offrir à répétition y avaient peut-être contribué.
Vous avez donc été surpris, vers minuit, qu’il dise devoir quitter les lieux pour une autre fête et charmés qu’il vous invite à l’accompagner. Pourtant, dans la vaste maison où il vous a amenés, il n’y avait que vous. Vous auriez espéré faire le tour du propriétaire, mais le ton avait changé : c’est avec une expression dure que vous n’auriez jamais cru voir sur le visage de votre bel inconnu que celui-ci vous a indiqué de vous rendre au sous-sol, en prétextant que «les autres arriveraient bientôt». Cela commençait à être long et moins drôle. Vous avez cru que le dernier verre qu’il vous a offert aiderait à détendre l’atmosphère, alors vous l’avez pris, en attendant…
Être là, attendre, c’est le dernier souvenir qu’il vous reste, avant de vous réveiller sous contention, sur un lit de chirurgien. Sur le coup, vous avez craint le pire que vous pouviez, jusqu’alors, imaginer : mais non, vous étiez tous en vie et aucun d’entre vous ne semblait privé d’un de ses organes vitaux …du moins, pas encore. Le pire semblait à venir et entouré de mystère.
En essayant de rassembler vos souvenirs, malgré vos migraines carabinées, l’un d’entre vous se souvenait d’avoir vu, près de la porte, un écriteau discret indiquant, Martin Roy, médecin spécialiste. Vous aviez aussi le souvenir de ses blagues, à propos du fait qu’il se levait toujours avec peine, 7 jours sur 7, à 7 heures, à son septième retentissement de cadran.
Savoir que l’on est en présence d’un psychopathe ponctuel et potentiellement spécialisé en torture généralisée, c’est peu, bien sûr, pour sauver sa peau, surtout lorsqu’on a les mains liées. Mais, au moins, vous pouvez encore tourner la tête et fixer le cadran qui indique 6 heures précises; donc, une heure encore, pour espérer trouver le secret de la poudre d’escampette, entre les bistouris, les pots de formol et les bouteilles de somnifères.
Mots-clés : Jeu d’évasion, psychopathe, médecin, clinique, enlèvement
