Les besoins d’abord, la consolidation ensuite

Comment et pourquoi cerner ses besoins de Team Building et de consolidation?

Pour un gestionnaire en quête d’une activité de consolidation d’équipe, l’offre est pratiquement infinie. Nulle crainte donc, de se retrouver le bec à l’eau (à moins qu’il opte pour une activité de rafting!). Un peu partout, on lui promettra d’offrir à sa bande un moment de plaisir pour faciliter la communication de son équipe, l’aider à moins travailler en silo ou à gérer un changement de façon positive. Alors pourquoi un responsable d’activité devrait-il commencer à se casser la tête, avant même que ne débute son rallye ou son jeu d’évasion?

Un projet qui mérite réflexion

Selon l’offre que propose chaque professionnel de la consolidation d’équipe ou animateur en Team Building, l’importance peut être plus ou moins accordée au plaisir et plus aux objectifs sous-jacents. Au Québec, ceux qui cherchent une activité avant tout amusante vont souvent se référer davantage au terme de « Team Building », tandis que les consultants vont davantage être associés à celui de « consolidation d’équipe », mais les frontières entre ces deux termes, les zones grises, ne manquent pas.  Marc Merulla, par exemple, dont l’entreprise s’appelle Team Building Montréal Ottawa Québec, va rencontrer personnellement chaque client pour l’aider à définir ses objectifs spécifiques, même si la majorité d’entre eux font avant tout appel à lui pour l’attrait ludique de ses propositions.

Pourtant, avant d’en arriver à cette rencontre, il voit parfois les gestionnaires chercher des compromis entre les activités ludiques que chacun a vues sur le web et, au mieux, un suivi de quelques courriels, plutôt que de baser son choix sur les défis et les besoins de leur entreprise.

« Il arrive souvent que le patron dise à ses employés ‟Trouvez-nous quelque chose”, mais ne guide pas vraiment la personne plus que ça. Il y a des gens qui disent ‟Je veux un wow!”. Mais wow, c’est quoi ? C’est beaucoup trop vague. C’est correct de vouloir ça, mais ensuite, il faut que je demande ‟ Qu’est-ce qui te fait faire wow? ” On parle d’une expérience qui doit être adaptée pour différentes personnalités et des objectifs concrets. »

Janick Raymond, qui a réalisé sa maîtrise à partir d’entrevues auprès de participants à des activités de Team Building, a pu observer bien des cas où ce fameux effet wow! n’a pas été au rendez-vous. Les réponses entendues lors de ses recherches ont su la convaincre qu’il ne suffit pas que le patron soit prêt à investir pour le bien ou le plaisir des membres de son équipe pour que ceux-ci évoquent spontanément leurs attentes, leurs appréhensions et en reviennent plus complices ou plus satisfaits. Elle est revenue de ses recherches convaincue de l’importance de bien de préparer son équipe, mais aussi d’assurer un suivi en revenant de l’activité :

 

« Si je ne fais que quelques entrevues qualitatives une semaine plus tard, dans une entreprise, il y a déjà des choses qui boguent, que non seulement le patron ne saura jamais, mais l’entreprise qui créé les activités non plus. Donc il n’y a aucun retour qui se fait, dans aucun sens. La compagnie de Team Building va continuer d’offrir ses services, qui étaient quand même très bien sur le plan de l’animation, des décors, c’était A1 et professionnel. Mais s’il n’y a pas de suivi, et que certaines personnes d’influence reviennent en grognant, sans que le patron le sache, à quoi bon? » – Janick Raymond

Afin d’éviter de mauvais choix dès le départ, Colette Côté, CRHA, suggère d’abord de se fier à son réseau de référence pour trouver des ressources fiables et même, dans le cas d’un conférencier, d’assister à l’une de ses présentations avant de signer le contrat. Elle reconnaît ensuite l’importance d’une exploration plus en profondeur, afin de cerner, et parfois de réorienter, les demandes et les démarches à privilégier, même chez ceux qui ont visé des activités de consolidation plus « sérieuses » de quelques jours ou de quelques heures : «Souvent, on m’approche pour de la formation ou pour optimiser des processus, mais quand je fais la rencontre avec le client et que l’on creuse pour comprendre les besoins, parfois, il y a des choses qui sont sous-jacentes, qui peuvent peut-être être résolues par de la formation, mais, la plupart du temps, non. Supposons que l’on me dit ‟ Il me semble que l’on ne fait pas les bonnes choses, que l’on pourrait être plus efficace. Il me semble que les gens ne travaillent pas en équipe. On va revoir le processus et on va l’améliorer. ”. Mais quand nous regardons, on constate que ce sont parfois les joueurs en place qui n’ont pas appris à travailler en équipe, à communiquer ou à se parler. Alors, parfois, ce que je suggère, c’est de voir ce que l’on peut faire pour les aider à mieux communiquer, à mieux travailler en équipe, et, après, ils pourront regarder leur processus et voir comment ils peuvent l’optimiser. »

Les interrogations autour d’une activité peuvent alors aider à préciser où en est l’organisation qui demande une journée de consolidation, incluant sa philosophie actuelle, son fonctionnement et les forces sur lesquelles elle peut miser, et où elle aimerait en venir, sur le plan de ses besoins, de ses objectifs et des limites qui l’empêchent d’y parvenir : « Je ne sais pas si vous avez entendu parler du SWAT? Les forces, les faiblesses, les menaces, les opportunités, pour voir comment on se situe là-dedans. J’aime bien utiliser cette démarche pour savoir dans quoi se situe ce que l’on veut faire. Est-ce que cela est en lien avec votre plan stratégique? Avec votre mission? Avec votre vision? Avec votre mandat? Avec vos valeurs? J’ai ces discussions avec le gestionnaire. Selon le résultat de cet exercice, on peut faire une consultation des employés aussi. » résume Colette Côté, qui entrevoit aussi l’importance d’interroger ses clients sur les autres expériences de consolidation d’équipe qui ont été réalisées par le passé : « Si cela n’a pas bien fonctionné, il faut le savoir pour désamorcer la situation, parce qu’il y a des employés qui voudront moins s’ouvrir et qui vont être blasés et qui vont se dire ‟On sait bien : une autre idée qui ne va rien donner.” »

Mais bien sûr, pour qu’une telle démarche d’approfondissement des besoins en vaille la peine auprès d’un service proposant de la consolidation, encore faut-il que celui-ci soit vraiment en mesure, tant en ce qui a trait à ses compétences en gestion des ressources humaines que des différentes activités qu’il est en mesure d’offrir, de s’adapter réellement à la demande du client :

« Si un fournisseur a seulement une chose à vendre, il doit la vendre, il n’a pas d’autre choix. C’est clair que sa priorité ne sera pas les besoins du client. Ce sont ses propres besoins, à partir de ce qu’il offre. Cela représente un risque pour les clients. On peut prendre le rafting en exemple : admettons qu’environ 15 % de la population aurait peur de l’eau : faire du rafting pour une entreprise au complet peut poser problème. Alors les bonnes compagnies de rafting ont d’autres choses pour occuper les gens qui ne peuvent pas faire du rafting durant la journée et quand même sentir qu’ils font partie du groupe. » – Marc Merulla

Pour la suite, voir la partie 2 de Les besoins d’abord, la consolidation ensuite: Mobiliser le Groupe: avant, pendant, après ou, pour en savoir plus sur les experts, voir la partie 3: Du plaisir et des limites

Print Friendly, PDF & Email
Marie-Hélène Proulx
Fondatrice en 2017 de Portail Immersion, Marie-Hélène est avant tout une passionnée des activités et des loisirs immersifs avec une très grande expérience dans la production de répertoire pour les loisirs et la jeunesse.